Transition écologique
Présentation de l’interlocuteur :
Nous avons rencontré Michel Bourgery qui est élu à la mairie de l’île d’Yeu. Adjoint au maire, il travaille pour la transition écologique et les finances. Ancien ingénieur dans les secteurs nucléaire et pétrolier puis dans l’univers des finances, des banques d’affaires et la marine marchande. Originaire de Paris ayant vécu à Londres, il venait initialement à l’île d’Yeu pour ses vacances et s’est installé définitivement dans sa résidence secondaire pour sa retraite. Il y rejoint l’équipe municipale en 2020.
Quelles sont les actions concrètes qui concernent la transition écologique sur l’île ?
Actuellement, l’île importe tout (eau et électricité) et presque rien n’est produit sur place. L’île est dépendante du continent. Par exemple, en août 2023, l’île fut coupée du réseau électrique pendant 6 à 7h. Le futur parc éolien va alimenter exclusivement le réseau national, l’île d’Yeu y étant reliée, recevra indirectement cette électricité.
Concernant l’agriculture, la production des quelques agriculteurs de l’île ne suffit pas à nourrir les 5 000 résidents de l’île.
La question du PLU :
Le Plan Local d’Urbanisme est extrêmement contraignant, il interdit beaucoup de choses sur l’île et notamment en termes de préservation du patrimoine et de l’authenticité.
Il pose des freins législatifs pour un projet de ferme de panneaux solaires qui se situerait sur l’ancien site d’une décharge. Le site ne peut pas être touché pendant au moins 50 ans selon la loi.
Le PLU représente l’avenir de l’île car c’est un outil réglementaire qui permet de gérer les futures constructions. Il y a beaucoup de constructions de logements neufs (maisons secondaires principalement), car le PLU le permet.
Une révision du PLU pourrait permettre de nouvelles constructions mais ce sont des démarches très lourdes et qui se révèlent généralement inefficaces car trop longues.
Le logement et l’emploi sur l’île :
Il est très difficile pour les islais de se loger par le coût élevé des logements et la prolifération des résidences secondaires. Même les ménages qui ont un travail à temps plein, n’ont pas forcément les moyens de s’installer et sont obligés de rejoindre le continent. Une cinquantaine de familles sont en recherche de logement.
Cette perte d’habitants salariés fait du tort aux entreprises et l’île se retrouve en manque de main d’œuvre sur chaque domaine. Il est donc compliqué de mener des projets. Autre conséquence, la réduction des plages horaires des commerces qui manquent de personnel ce n’est pas propice à l’accroissement de l’activité estivale.
L’île est classée en zone tendue ce qui a permis d’augmenter la taxe d’habitation des résidences secondaires. Soit 1.5 million d’euros par an. Il permettra de résoudre le problème du logement.
Le parc éolien :
Le parc éolien est un projet de l’État qui sera mis en service en 2026, il a été amorcé en 2008 et validé début 2023. Les travaux débuteront entre 2024 et 2025.
Une taxe éolienne sera reversée à l’île pour compenser l’impact visuel sur les collectivités concernées, calculée en fonction de la distance des éoliennes et du nombre d’habitants sur l’île.
Monsieur Bourgery estime que foncièrement parlant, l’installation d’un parc éolien n’est pas forcément utile. Pour lui, l’éolien n’est pas assez puissant et le nucléaire est une solution plus pérenne. Il pense aussi qu’il est plus logique de réduire notre consommation d’énergie plutôt que de chercher à augmenter la production avec une dizaine de champs éoliens à l’échelle nationale. Une seule très grande éolienne avec une capacité de 2.3 gigawatts permettrait de produire suffisamment d’énergie pour soulager le réseau électrique de l’île.
La transition écologique :
Une transition écologique est lente et “douloureuse”, elle ne se fait pas en un claquement de doigts. Pour consommer moins, il faudrait mieux isoler les logements et réfléchir à des moyens alternatifs. Selon lui, les panneaux solaires ne produisent pas assez pour alimenter un foyer, 1m² de panneaux produirait seulement 100 Watts → il faudrait un hectare de panneaux pour produire un 1 MégaWatt.
Les objectifs de la mairie :
La mairie travaille par commission par domaine comme la finance ou l’environnement. L’un de ses objectifs est d’avoir plus de résidents à l’année. Mais pour cela, il faudrait une stabilité en termes d’alimentation, de logement et de travail et leur proposer des services comme sur le continent.
En période estivale, 25 000 personnes dorment sur l’île, la capacité est alors multipliée par 5. Monsieur Bourgery pense que le bon équilibre serait que 8 à 10 000 personnes résident sur l’île à l’année. Si tous les terrains constructibles de l’île étaient utilisés, la capacité augmenterait de 60 à 70 000 couchages.
Les forces et faiblesses de l’île :
Les plus :
La consommation d’hydrocarbure a été divisée par 2 en 10 ans grâce au développement de la mobilité douce et des déplacements à vélo qui ont permis de réduire l’utilisation de la voiture.
Le fait que l’île soit un canton et non au sein d’une communauté de communes est un avantage → l’île possède les compétences d’une commune et d’un canton à la fois.
Le milieu associatif est développé et très intéressant pour les citoyens mais pas assez pour porter des projets de société. Quasiment tous les habitants se connaissent, ce qui appuie le sentiment de collectivité.
Les moins :
Les temps de trajet pour aller sur le continent sont très long, il a appuyé ses propos avec un exemple, il faut moins de temps pour faire Londres → Paris que pour faire l’île d’Yeu → Paris.
Il y a également une problématique autour du trait de côte mais qui est actuellement étudiée de l’association Yeu Demain et leur projet “ODySéYeu”. On retrouve aussi le problème de logement, surtout vis à vis du tourisme, la municipalité ne peut pas s’opposer à un permis de construire alors que l’île est saturée par les bâtiments.
La montée des eaux va poser de nombreux problèmes à l’avenir. La zone du port est vulnérable, les bateaux vont avoir du mal à accoster et donc à apporter des ressources sur l’île, celle-ci est dépendante des bateaux, cela est notamment dû à sa difficulté à produire des ressources agricoles pour toute la population. La station d’assainissement risque de se retrouver inondée ce qui va provoquer une coupure d’électricité et donc de grave problèmes sanitaire.
Pour ce qui est de la pêche, cette dernière a fortement diminué depuis plusieurs années mais cette tradition se perpétue sur l’île, notamment grâce à sa conserverie.
Logan, Brian
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